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Public / Privé : antinomiques ou complémentaires ?

5434634287_c3347d20a3_nIl y a quelques semaines, j’entendais un commentateur dire que le poids du secteur public était une charge pour la France et qu’il entravait le fonctionnement du secteur privé, ce dernier étant le vrai moteur de l’économie. J’avoue avoir été quelque peu perturbé par la simplicité de ce raisonnement économique, légèrement teinté politiquement.

Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir en économie, comme ailleurs (Cf. la Caisse des dépôts qui détient 95% de l’entreprise Quick, par exemple !) Cela étant, une clé de lecture possible entre le privé et le public est sur la notion de rentabilité et de retour sur investissement.

Une entreprise privée ne s’engagera jamais sur un investissement qui ne possède pas potentiellement une certaine rentabilité et quand c’est le cas, un retour sur investissement forcément à plus ou moins court terme. Si ces deux critères ne sont pas présents, le secteur privé ne s’engagera pas. Non pas par manque d’envie ou d’ambition, mais tout simplement parce que les règles d’engagement de l’argent par les banques ne le lui permettront pas.

Ainsi toutes actions ou production qui ne possèderaient pas une espérance de rentabilité minimale de plus de 2 à 3% par an, sous une durée maximale d’une ou deux décennies, sont condamnées à appartenir au public … ou à ne jamais voir le jour. J’écarte ici toute l’économie en lien avec le don (fondations, associations, etc) qui fonctionnent sur un modèle qui s’apparentent plus au fonctionnement public qu’au privé dans le modèle économique.

On comprend alors vite que le modèle économique du privé est par nature restreint par ces contraintes. Il ira sur la santé ou l’éducation si les personnes sont solvables, mais n’aura aucune ambition sur la généralisation de ces services (sauf sous contrat public, donc financé par l’argent public). Idem pour la recherche, la sécurité (intérieur et extérieur), la culture, la politique, etc. Pareil pour les grands chantiers dont les financements reposent sur des retours sur investissement de 50 à 80 ans, comme c’est le cas de nombreux réseaux structurants (transports, énergie, information, etc), on ne trouvera pas d’acteur privé pour commencer à investir sur un déploiement rapide.

Pour exemple, les pays d’Afrique où encore aujourd’hui le simple manque d’accès à l’eau est un élément bloquant au développement économique. Ce ne sont pas les techniques qui font défauts et encore moins les entreprises compétentes, mais aucune d’elles n’y va. Sans l’investissement d’une puissance publique, le développement ne se fera par le privé qu’à vitesse très réduite, s’il se fait ! Le retour sur investissement pour le privé est trop long et la réalité du bénéfice trop éparpillé pour être perçu et valorisé.

Pour tous ces investissements essentiels au fonctionnement de notre société, à son bien vivre, à sa cohésion sociale, à sa pacification, à sa prospérité, à son niveau de modernité et à son développement économique aussi, c’est la puissance publique qui est le moteur, au nom de l’intérêt général. C’est elle qui rend possible l’émergence des projets. Le privé n’est pas taillé pour cela, mais il a bien-sur besoin de tout cela pour fonctionner correctement.

Alors, j’entends bien que le privé est probablement plus le support de notre balance commerciale, on exporte plus de yaourts, d’airbus ou d’armements que de policiers, de médecins, de chercheurs ou de fonctionnaires par exemple, mais ce n’est certainement pas lui seul qui fait tourner l’économie. Le public n’est pas un frein au privé, mais il est le socle qui lui permet de prospérer, et cela à nécessairement un prix. Cela serait le bon sens que de le reconnaitre !

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