Qualité de vie au travail et coopération
La question du barreur

Quand madame Malgorn fait feu de tout bois et prend les brestois pour des imbéciles

B Malgorn UMPLa semaine dernière, une des candidates de la droite brestoise a fait une réunion publique devant un parterre de convaincus semble-t-il. On ne reviendra pas sur les propos de soutien de certains présents, qui appellent tout de même quelques interrogations légitimes de notre part (ici). Mais puisque la candidate nous fait la Grâce de nous donner à lire son « discours intégral », il nous semble important d’y apporter quelques réponses, nous qui sommes accusés d’imposer une chape de plomb sur la gestion de la ville !

Une attaque aussi ridicule que le bandeau noir mis par madame Malgorn sur son site concernant des associations brestoises qui n’auraient « pas souhaité qu’il soit fait état publiquement de leur rencontre avec Bernadette Malgorn », sous-entendant une pression de la mairie. Il est triste de constater que la candidate travestit la vérité : la seule association qui a demandé à ce que l’on retire les photos l’a fait car la rencontre s’est faite à son insu et sans son consentement. La candidate est donc, non-seulement peu courtoise avec les partenaires de la ville, mais en plus, elle se permet de se poser en victime de ses propres manœuvres !

Passons sur la première partie - une critique régionale - qui n’apporte pas grand-chose au débat sur les municipales, sauf à ce que la candidate aux municipales ne soit en fait déjà en campagne pour les futures régionales, montrant l’intérêt tout politicien qu’elle a pour notre commune.

Concentrons-nous donc sur ses « trois pistes de réflexion : la sécurité, la fiscalité et l’emploi ».

Un programme qui amène à se demander pourquoi la droite est autant éclatée à Brest … Même thèmes de campagne, quasiment même discours, seules les têtes d’affiche changent ! Mais nous le savons, le travail en équipe n’est pas le fort de la droite brestoise. On peut ainsi légitimement se questionner sur leur capacité à travailler avec tous les Brestois s’ils étaient élus.

Sur la sécurité

La démonstration commence par le basculement de Brest « la ville paisible » (dont sa définition semble parfois empruntée aux bisounours) à la description d’une ville caractérisée par « ses zones de non droit », « ses incivilités quotidiennes », « ses braquages de commerce avec de plus en plus de brutalité ». Brest serait devenue en 10 ans de socialisme « la plaque tournante pour les trafiquants de drogue ». « Les délinquants profitent de l’action sociale, se distraient […] Et on ne nous dit pas tout ! » « Toute la ville est gangrénée par ce mal », « notamment place de la Liberté, sous les yeux du Maire ! »

Si c’est la façon dont madame Malgorn voit Brest, alors on comprend mieux sa croyance en l’absence de fierté des Brestois pour leur ville. Et on se demande alors pourquoi elle a quitté Morlaix il y a un an, pour venir dans la ville la plus violente de France à ses yeux.

Nous, nous ne voyons pas Brest ainsi. Et si en effet il ne faut pas nier la réalité de quartiers difficiles (comme cela arrive ailleurs), il n’est nul besoin d’en faire une généralité. La vie à Brest profite globalement d’une réelle tranquillité et d’un savoir-vivre des habitants qui restent probablement un axe fort de notre attractivité. Nombre de nouveaux arrivants en témoignent (hormis Madame Malgorn semble-t-il !)

Madame Malgorn a pour unique argument de caricaturer l’action de la municipalité affirmant que sa seule réponse aux violences en ville serait portée par BMH (Office des HLM) et son observatoire de la violence. En tant qu’ancienne Préfète, elle est parfaitement au courant des dispositifs qui organisent l’action entre la collectivité, la police, la gendarmerie ou la justice. Cela existe depuis 1985 à Brest. Ces dispositifs ont démontré leur efficacité et sont reconnus par les différents interlocuteurs présents en leur sein.

(lire ici et aussi : La question de la sécurité à Brest, une politique assumée)

La réponse de madame Bernadette Malgorn est quant à elle des plus classiques (et semble-t-il très partagée à droite à Brest) : police municipale et caméra. Sans avoir de police municipale, la ville de Brest a déjà des fonctionnaires employés à la question de la sécurité et de la tranquillité sur l’espace public. Idem sur les caméras, il y en a à Brest. La question n’est pas de savoir si on en veut ou pas, elle est celle du nombre, du coût et de l’efficacité réelle.

Par ailleurs, en posant une caméra, on ne règle aucun problème, on le déplace. Le vrai travail est celui qui se fait à la source, la lutte contre la criminalité organisée et c’est bien le rôle de la police et de la gendarmerie.

Si la candidate est prolixe sur les dépenses pour soi-disant améliorer la sécurité, elle l’est moins sur les recettes. Concernant les supposées dépenses somptuaires de la ville, nous souhaitons juste lui rappeler qu’un Maire n’appartient pas au corps de la préfectorale.

Sur la fiscalité

La ville est bien gérée, c’est reconnu par tout le monde. Le niveau d’endettement est normal pour des investissements qui se font pour 30 à 40 ans. Madame Malgorn rembourse peut-être sa maison sur 3 ans, mais la majorité des Français le font sur 20 ou 30 ans. Bmo a une dette en capacité d’être remboursée avec 10 ans d’épargne, comme elle le dit elle-même. C’est considéré par les analystes comme acceptable, surtout quand on y intègre tous les investissements faits ces dernières années autour du tramway.

Curieux de savoir ce que proposait quand même la candidate sur la question, nous avons cherché mais nous n’avons rien trouvé. Alors, bien sûr, le sujet n’est pas facile puisque depuis des années, la ville de Brest a pratiqué la modération fiscale et l’intégration des compétences à l’échelon de la communauté urbaine et du pays de Brest (axe que défend le dernier rapport de la cour des comptes comme ligne de conduite pour la bonne gestion et la réduction des dépenses des collectivités locales).

On le voit, en terme d’argument comme en matière fiscale, il n’y a pas forcément grand-chose à gratter de ce côté-là. Mais cela fait toujours plaisir à une audience de droite de ressortir l’expression « matraquage fiscal » et de promettre toujours plus, avec toujours moins !

C’est comme pour l’écotaxe : le 29 octobre, madame Bernadette Malgorn demande la « suspension préalable au dialogue » mais le 30, « la suppression et non sa simple suspension anesthésique », tout en qualifiant de reculade l’action du gouvernement qui a pourtant répondu à sa demande de la veille ! Si vous cherchez une ligne politique cohérente, vous repasserez !

Sur l’emploi

Concernant l’économie de Brest et du pays de Brest, nouveau tableau très sombre sur les risques potentiels à venir (réels ou fantasmatiques).

A l’instar de la sécurité, la municipalité regarderait le train passer en croisant les doigts !

C’est ne rien connaître à l’histoire de cette ville. Oui la situation économique est difficile, mais les municipalités qui se sont succédées se sont toujours battues pour l’emploi et la formation à Brest. Alors que les effectifs de travailleurs de l’arsenal ont chuté de plusieurs milliers en 20 ans, Brest n’a cessé d’augmenter son nombre d’emplois global. Quels autres territoires subissant d’importantes suppressions d’emplois peuvent en dire autant ? Le développement économique a bien eu lieu et il se poursuit aujourd’hui avec des projets phares comme les énergies marines renouvelables sur le polder, par exemple. Nous y mettons beaucoup d’énergie, beaucoup d’argent et Madame Malgorn ne peut l’ignorer du fait de ses responsabilités passées et présentes.

Pour autre exemple, le salon Pro&Mer sur l’emploi et la formation des métiers de la mer qui s’est déroulé au Quartz cette semaine est le parfait exemple des dynamiques engagées. Près de 600 offres d’emplois y étaient ouvertes (ici).

A une analyse affligeante s’ajoute des propositions ridicules puisque uniques : une mesure, une seule, la ligne à grande vitesse ! Ça tombe bien, cela n’est pas dans les compétences du Maire. C’est toujours amusant de voir ces politiques très en verve quand il s’agit de se battre sur des compétences qu’ils n’ont pas, mais plus discrets sur celles qu’ils ont …

Oui, la LGV fait consensus, à droite comme à gauche. Comment pourrait-il en être autrement ? Mais ne rêvons pas, ce n’est pas passer de 4h à 3h qui va significativement changer la donne sur le plan économique en Pays de Brest. Beaucoup des déplacements économiques se font d’ailleurs par avion et pas forcément vers Paris. Le développement de l’économie se fait par un faisceau d’éléments qui touchent autant à l’investissement, l’attractivité du territoire que du développement des dynamiques et synergies locales, nationales et internationales entre les acteurs. Dire que l’enjeu principal est la LGV est bien mal connaître la réalité du monde économique ou alors être bien pauvre en matière de propositions réelles.

Sur les rythmes scolaires

Faute d’arguments sur le reste, la candidate s’offre une petite digression sur la question des rythmes scolaires, accusant le Maire d’avoir souscrit « sans concertation et sans réflexion » à la réforme portée « par ses petits camarades ».

Evidemment, habiter depuis moins d’un an à Brest, c’est peu ! Apprenons à madame Malgorn que cela fait depuis le début du mandat que la municipalité travaille sur la question des rythmes scolaires. Nous avons concerté, expérimenté, préparé le passage au 4.5 jours et comble du malheur pour nous, cela se passe bien !

Ajoutons que ce n’est pas en deux mois que des rythmes scolaires s’évaluent, mais au minimum, sur un ou deux ans. La critique témoigne juste d’une méconnaissance d’un sujet pour lequel Brest est pourtant nationalement reconnu (lire ici et ).

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Si les idées et les propositions de Madame Bernadette Malgorn semblent être floues, si ce n’est invisibles, sa stratégie est quant à elle limpide. Comme elle le souligne elle-même en conclusion : « le tableau que j’ai dressé devant vous ce soir peut paraître un peu noir » (un peu seulement !) A coup d’effets de manche et sur des questions sensibles, elle tente de caricaturer l’action municipale et d’alimenter les peurs des habitants face à la crise. Il s’agit d’une stratégie de la terre brulée qui peut porter des fruits électoralement parlant, mais au prix d’une distorsion de la réalité. La conséquence est double : une plus grande difficulté de la population à cerner la réalité de ce que sont et font les politiques publiques, mais aussi plus de peur et de mal-être sur le territoire.

Cette instrumentalisation politicienne de l’action publique ne fait pas du bien aux habitants. Nous avons besoin de personnalités, de droite comme de gauche, qui fassent de vraies propositions, qui ambitionnent un avenir pour Brest et son pays, qui soient soucieux de la dynamique, du bien-être, de la cohésion et de la solidarité sur le territoire. En un mot, nous avons besoin de femmes et d’hommes politiques qui servent l’intérêt général avant toute chose. Pour l’instant, cette ambition n’est clairement portée que par la gauche à Brest.

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