Et si nos collectivités équilibraient leurs émissions de GES ?
Urbanisme : quand les petits chiffres cachent les grands

Le temps de travail dans les collectivités

Ce matin, ma casquette de Délégué syndical sur la tête, j'étais en route pour Sophia-Antipolis, afin de participer demain à une réunion de négociation sur le temps de travail dans mon entreprise. C’est alors que je suis tombé sur l'article sur le temps de travail des fonctionnaires dans les collectivités.

De grands penseurs étaient passés par là !

L'article faisait état du rapport de la Chambre régionale des comptes calculant que les fonctionnaires ne travaillaient pas les 1607 heures, qui seraient la norme pour les 35 heures. Entre les lignes, il fallait les remettre au travail pour atteindre l'objectif fixé par la loi, afin de ne pas spolier les contribuables qui les payent.

Si nos grands penseurs sont assurément des comptables, ils sont peu connaisseurs du Code du travail et plus que tout, de bien piètres managers.

D'abord, les 1607 heures en question sont la durée légale du travail aux 35 heures. C'est-à-dire une norme à partir de laquelle se déclenchent des heures supplémentaires. Cela ne signifie pas que c'est “La durée légale obligatoire en France”. La législation permet de modifier cette durée à la hausse ou à la baisse par des conventions collectives ou des accords négociés par les Directions, avec les partenaires sociaux.

La durée du travail dans une entreprise ou une collectivité n'est donc pas une valeur dans l'absolu, mais le fruit d'une succession de négociations intégrant salaires, charges de travail, conditions de travail, secteur d'activité, etc. et évidemment, l'histoire de l’entreprise aussi.

Peu d'entreprises de tailles moyennes ou grandes et disposant de représentation du personnel travaillent 1607 heures… parce que les bons managers le savent bien, cela ne signifie rien ! Ce n'est pas un objectif en soi.

Tout comme l'impôt se calcule en multipliant des bases par des taux, le travail s'évalue en multipliant un temps de travail, avec une efficacité au travail et une qualité du travail.

Nous ne sommes plus au travail en usine, nous ne sommes plus “aux temps modernes” de Chaplin où une hiérarchie de directeurs, de cadres, de contremaîtres pouvait contrôler les salariés sur leur poste de travail. Une large part du travail dans l'entreprise comme dans les collectivités publiques touche à l'immatériel, au relationnel, au travail sur le terrain, hors des ateliers ou des bureaux. Par ailleurs, avec l'ère d'Internet et des smartphones, chacun peut “s'échapper” de son temps de travail à loisir, y compris en restant à son poste de travail. Cela devient impossible de tout contrôler et de tout maîtriser. L’efficacité au travail relève donc beaucoup plus qu’avant de la volonté même du salarié.

Aujourd'hui, l'efficacité au travail et la qualité du travail sont en lien direct avec la motivation, surtout si l'on est ambitieux en la matière et que l’on vise haut ! Vouloir gagner 40 heures par an (+2,5 %), mais perdre rapidement plus de 3 % d'efficacité dans une mauvaise négociation qui braquera partenaires sociaux et salariés, est une bien mauvaise comptabilité au final.

Le bon manager n’est donc pas celui qui contraint, surveille et tente de tout maîtriser, mais celui qui donne du sens, donne les moyens et l'envie à faire, celui qui reconnaît le travail fait et produit au final de la motivation.

On comprendra que ce genre de rapport et de médiatisation, plaçant clairement le débat sur le ton de l’accusation et de la stigmatisation, est largement contre-productif au regard de l’objectif visé, mais témoigne aussi d’une bien mauvaise connaissance du sujet et des dynamiques engendrées.

Enfin, à l’heure de la décentralisation, il est toujours amusant de constater qu’un jacobinisme centralisateur voulant tout régenter de Paris, trouve encore appuie sur une presse habituellement d'obédience plutôt libérale !

Commentaires