Et si on créait à Brest un Haut Conseil des Générations Futures ?
mardi 19 novembre 2019
Dans certains villages africains, les grandes décisions se prennent au regard de l’avis de trois groupes. Le premier groupe observe les enjeux du présent. Le second tente de regarder dans les expériences passées ce qu’en auraient dit leurs aïeux. Un troisième et dernier groupe parle au nom des générations futures du village. J’ai toujours pensé que cette façon de faire était d’une grande sagesse.
Notre société moderne ne vit plus que dans le présent (le très court terme) probablement parce qu’elle a évolué tellement vite qu’elle a perdu tous ses repères du passé en quelques décennies. Elle part du principe que si cette modernité est bénéfique pour elle, elle l'est aussi pour les générations qui suivent. Sans remettre en question l’apport positif de notre évolution moderne (devenue un peu folle aujourd’hui), il nous faut aussi entendre que les choix que nous faisons engagent les générations futures.
Que cela soit sur notre développement, sur nos déchets, sur l’usage de l’énergie, sur les ressources naturelles, sur la biodiversité ou sur tous nos petits comportements du quotidien, notre époque ne regarde pas assez le futur qu’elle produit à petit pas chaque jour.
Le concept de Conseil de développement est une bonne idée, mais peut-être faut-il aujourd’hui apprendre à porter un autre regard sur les décisions qui transformeront nos façons de vivre (que nous le voulions ou non) dans les années à venir. Il est temps que nous pensions le monde que nous produisons, que nous relevions la tête du guidon pour choisir en conscience le monde que nous dessinons, par nos décisions ou nos absences de décisions.
La mise en place d’un Haut Conseil des Générations Futures doit permettre de répondre à cet enjeu. Dans les grandes décisions de notre territoire, dans les grands choix que nous faisons, nous devons porter la responsabilité de laisser une voix aux générations futures. Notamment parce qu’elles seront majoritaires en nombre par rapport à nous ! Il ne s’agira pas d’une voix de blocage, mais une voix pour objecter et challenger nos décisions.
Agir en conscience, sans tourner la tête aux responsabilités que nous portons pour le futur, telle doit être aujourd’hui notre logique d’engagement de la puissance publique.