Un pavé dans la marre !
mardi 22 septembre 2020
Mais où sont allés tous les défenseurs de l’écologie,
Qui l’an passée, en ont tous fait l’apologie.
Depuis une semaine, pas un mot pas un bruit,
On pétarade la rade et tout le monde applaudit.
La biodiversité se prend 800 kg d’explosifs en pleine face
Et chacun y va de son petit cliché en surface.
Les chinchards à queue jaune ne défileront pas en gilet jaune.
Les saint Jacques et les saint Pierre ne s’attaqueront pas aux villes côtières.
Les herbiers des zostères n’écriront pas aux ministères.
Les crénilabres de baillon ne demanderont pas audience à Macron,
Pas plus que la roussette, la raie bouclée, la coquette ou la gobie pagadelle ne solliciteront la bienveillance de sa belle.
Tout cela ne sera pas, le monde sous-marin reste sans voix.
Qui a compris la richesse intérieure d’une rade que l’on boude,
D’une biodiversité qu’on dessoude.
Hier on a dynamité un patrimoine insensé,
Et parce l’espèce humaine était bien calfeutrée,
Personne ne semble plus y avoir vraiment pensé.
Il est temps de le dire,
Il est temps de l’écrire
Il va falloir penser un peu à changer !
-/-
Bon, un peu de poésie n’a jamais fait de mal à personne ! Surtout pour parler de la plus belle rade du monde et de la riche biodiversité qu’elle abrite [1].
Plus prosaïquement, suis-je le seul à avoir été profondément choqué par l’énorme gerbe d’eau qui a fracassée son écume mardi dernier ? (ici) Une explosion décrite comme ayant provoqué une onde de choc d’intensité de 2.8 mesurée par le réseau national de surveillance sismique. Ces belles images chocs semblent faire oublier l’essentiel.
Comme beaucoup d’espace fermé, avec ses propres écosystèmes et son histoire, la rade de Brest est un écrin de biodiversité fragile. La reconquête des espèces et des habitats a d’ailleurs été soutenue financièrement par de nombreux plans locaux, comme nationaux, depuis de nombreuses années. Plan bleu, Contrat de baie, puis Contrat de rade se sont succédés pour requalifier les eaux de notre rade et favoriser le développement et la protection de sa biodiversité. Une part non négligeable de la rade de Brest est d’ailleurs classée en zone de protection Natura 2000.
Du fait de la densité du milieu marin, les ondes acoustiques sont 4 fois plus rapides dans l’eau que dans l’air. Si on imagine aisément l'effet dévastateur dans la proximité immédiate de d’explosion, il reste très difficile d'imaginer l’impact et les lésions infligées sur tout un écosystème qui utilise l’acoustique sous-marine comme un de ses principaux sens.
Au mois de juin dernier, le Ministère de la transition écologique et solidaire a sorti un rapport de 200 pages de préconisations pour limiter les impacts acoustiques en mer d’origine anthropique sur la faune marine. On y lit que chez les mammifères marins, les poissons, les mollusques ou les crustacés, l’audition est un sens très développé et que l’activité humaine constitue pour toutes ces espèces un risque important.
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