LREM - La quête de la croissance externe
lundi 10 juin 2019
Dans une tribune parue dans le JDD ce weekend, Marlène Schiappa lance "l'appel du 9 juin" à destination des élus républicains. Son texte "Qui est prêt à faire passer son pays avant son parti ?" tente d'y justifier un pseudo "rassemblement national" (si l'appellation n'était pas déjà d'origine contrôlée) autour de LREM.
Marlène Schiappa décline une vision politique qui nie encore une fois les logiques partisanes en les apparentant à des logiques individuelles. Malheureusement pour elles, le ralliement de 72 élus de droite au soir de la débâcle, mortifiés par la peur de devoir porter une étiquette de "looser" (comme dirait ce cher Trump), témoigne bien que le ralliement à LREM masque des logiques individuelles intéressées par le maintien au pouvoir, plus que par le sens de sa famille politique. Il fait glisser encore un peu plus vers la droite le centre de gravité de ce mouvement.
Le rassemblement autour d'un parti qui gérerait en interne ses propres contradictions est un mensonge qui trahi bien le caractère populiste du parti présidentiel. L'unité de façade de ce parti devenu "ultra-attrape-tout" ne tient pas à leur capacité à discuter ou débattre, mais à renoncer à leurs idéaux et à accepter l'autorité d'un seul chef : Emmanuel Macron. La diversité de LREM ne tient que par la volonté d'accession au pouvoir derrière un chef qui leur a donné satisfaction. Fini les idées, les idéaux, place au suivisme, à efficacité et à l'opportunisme.
Loin de ce Gloubi-Boulga idéologique que tente de faire avaler LREM à un électorat déboussolé et dépolitisé, Thomas Piketty signe ces jours-ci une très belle tribune dans le Monde (ici) qui témoigne bien que le sens et les visions politiques alternatives ont encore de bons jours devant eux.
Oui, il n'existe pas qu'une seule idéologie qui porterait à elle seule l'idée de progrès. Oui, les divergences d'opinions et d'actions sont encore d'actualité. C'est d'ailleurs le fondement de la politique depuis la nuit des temps : la gestion et l’arbitrage des désaccords.
Ne doutons pas que la belle unité partisane autour d'un Président qui se croit tout puissant éclatera en vol quand celui-ci s’effacera. L'état de la droite n'est que le rebond de la "zarkozie". Elle aussi fut à la recherche d'une personnalité providentielle capable de tout et pour tous. On voit le résultat aujourd'hui.
LREM tente le tout pour le tout. En s'effondrant sur son propre socle électoral faute d'avoir su convaincre, il se lance dans une opération de croissance externe en faisant une OPA sur une droite très affaiblie. Si l'opération séduit des élus affaiblis en responsabilité, pas sûr que cela suffise à convaincre un électorat de plus en plus lucide sur l'absence de transparence de ce parti qui se dit sans bord.