Et si on créait une « Réserve citoyenne » à Brest ?
Et si le Maire de Brest ne cumulait pas avec le Président de la métropole ?

Une réforme qui s'attaque aux droits des femmes

ManifLa réforme des retraites affirmait donner des droits supplémentaires aux femmes, malheureusement elle cache son vrai visage. Elle fera perdre des droits pour une très grande majorité des femmes. En effet, si le gouvernement a très largement médiatisé les droits supplémentaires d’une majoration de 5% par enfant, il a aussi complètement passé sous silence la suppression des 8 trimestres par enfants. Idem sur la reversion.

On le sait, en France, les femmes subissent une double peine sur le plan professionnel. D’un côté un accès à des métiers moins rémunérés et souvent en temps partiel. De l’autre, une carrière rendue plus complexe par des congés maternités et une éducation des enfants qui repose encore pour une large part sur elles dans l’organisation sociale de notre société. Au final, des écarts constatés encore importants entre les revenus des hommes et des femmes.

Le principe même de la retraite par point fige cet état de fait dans les revenus des femmes retraitées. On se serait attendu à ce que le gouvernement y soit sensible et poursuive (voire amplifie, pourquoi pas) les dispositions de rattrapage qui avaient été mis en place par les gouvernements précédents. Il n’en est rien, au contraire.

Les majorations de 5% par enfants, annoncée dès le premier enfant, est anéantie par la suppression du gain de 8 trimestres par enfants dont bénéficiaient aujourd’hui les mères de familles. Au moment de solder sa retraite, l’absence de 8 trimestres fait perdre 10%. A l’inverse, en cas d’un départ à l’âge légal, le surplus de 8 trimètres fait augmenter de 10% la retraite. La mesure actuelle de 8 trimestres supplémentaires par enfants et dès le premier enfant est donc très favorable au droit des mères (plus de 85% des femmes). La question de la majoration de 2x10% pour les couples ayant eu trois enfants venait en renfort de ce gain de 8 trimestres. Il n’y en avait pas que pour les mères et pères de familles nombreuses, comme cela semblait l’être dans le discours.

Un rapport de l’Institut de la protection sociale avait largement mis en évidence ce problème dès le 26 novembre dernier, en démontrant que la réforme engendrait des baisses de revenus jusqu’à plus de 15% pour les mères de famille et plus de 20% pour le couple selon les cas. Pourquoi le Premier ministre ne semble pas en avoir tenu compte alors même qu'il a répété que "les femmes seront les grandes gagnantes". Donner d’une main pour subtiliser insidieusement de l’autre le double, ce n’est pas jouer pour, mais avec le droit des femmes.

De la même façon, le principe d’un choix d’attribution de ces fameux 5% avant les 4 ans de l’enfant rend économiquement plus logique de le faire porter sur le salaire le plus haut, mais cela fait porter tout le risque d’une possible séparation sur la mère qui dispose bien souvent du revenu le plus faible. Pourquoi faire des calculs économiques sur le dos des femmes. Ce choix ne pourrait-il pas se faire au moment du départ en retraite, dans l’intérêt des femmes ? La retraite ne doit pas rentrer dans une logique spéculative en début de carrière.

Enfin, les modalités de reversion font perdre 9 années en cas de liquidation d’une retraite à 64 ans pour les conjoints mariés (afin de ne pas avoir de décote). Alors qu’aujourd’hui la reversion commençait à partir de 55 ans, elle sera demain conditionnée au départ à la retraite de l’intéressé (fixé à 64 ans).

Les femmes vivant plus longtemps, elles sont de fait les plus concernées par le principe de reversion. Avec une espérance de vie de 85 ans en moyenne en France pour les femmes, la perte peut aller jusqu’à 40% (9/21) de la reversion qu’elles auraient pu percevoir aujourd’hui. C’est énorme, d’autant que cette perte intervient au moment du veuvage, alors qu’elles peuvent ne disposer que d’un revenu modeste en attente de compléter leurs trimestres pour liquider leur retraite (avec la reversion de leur conjoint décédé).

Les parlementaires doivent se saisir de ces questions et faire remonter une objection forte à ce qui est en train de se produire pour détruire des droits des femmes, alors que l’inverse est martelé dans le plus grand cynisme.

[Photo : manifestation contre la réforme du 17 décembre à Brest]

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Synthèse des annonces du Premier ministre du 11 décembre dernier sur les droits familliaux et la reversion

Droits familliaux Droit reversion

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