Que dire après ce mois qui nous bouleverse et nous bouscule ?
Le maire de Brest, un délinquant pas comme les autres

Communiqué suite à CRPC de François Cuillandre dans l'affaire Vivre à Brest

Tribunal de BrestEn tant que partie civile, je tiens à exprimer ma position sur cette Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité (CRPC) de monsieur Cuillandre dans l'affaire Vivre à Brest. Cette décision de justice était attendue, après les déclarations tout à fait étonnantes du procureur de Brest en avril dernier, plaidant pour une justice plus accommodante pour les responsables politiques.

Cette CRPC constitue une défaite indéniable pour la transparence dans la vie publique et pour la probité des responsables publics, car elle nous prive d'un débat contradictoire sur une affaire qui touche au cœur même du fonctionnement de nos institutions. Une affaire qui a mis en cause le 1er magistrat de notre ville, M. Cuillandre, dont les expressions n’auront fait que varier tout au long de l’affaire.

Ce « plaider-coupable » de M. Cuillandre peut être interprété comme une fuite de ses propres responsabilités. Une fuite de celui qui ne souhaite visiblement pas que les questions des parties civiles soient entendues publiquement, en correctionnel.

En effet, les 4 000 € avoués ne sont que la partie immergée d’une affaire dans laquelle de nombreux faits qui auraient pu être reprochés à Monsieur Cuillandre, y compris financiers, ne seront pas exposés.

En reconnaissant un recel, M. Cuillandre revient sur sa déclaration devant la presse du 26 novembre 2018, où il affirma, face caméra, n’avoir aucun lien avec l’association. Lors de cette conférence de presse, il désigna ses deux plus proches adjoints, Alain Masson et Jean-Luc Polard, comme les seuls et uniques coupables des détournements d’argents. Ces deux fidèles adjoints sur lesquels le maire s’était appuyé durant 3 mandats décèderont successivement, seulement deux et quatre ans plus tard, après avoir subi une violente mise au banc et sans avoir pu livrer publiquement leur part de vérité dans un procès équitable.

En reconnaissant un « recel d’abus de confiance », après avoir clamé pendant 5 ans son innocence, M. Cuillandre reconnaît qu’il s'est approprié de l’argent en sachant que ces sommes venaient d’un fonctionnement détourné et illicite. Il reconnaît aujourd’hui qu’il était bien au courant d'une grande partie du système géré dans la plus grande opacité à l'égard des victimes, par ses deux adjoints.

Au-delà de cette reconnaissance de culpabilité et cette condamnation à minima, l'enquête a mis en évidence le fait que l'association « Vivre à Brest » n'a plus réellement existé entre 2001 et 2018. Pendant deux décennies et presque trois mandats, l’association créée par Pierre Maille a été détournée de son objectif initial, pour devenir une caisse noire, au service du Groupe des élus de la majorité de M. Cuillandre, où d’importants détournements d’argent ont été mis en lumière par l’enquête.

Un fait reste indéniable, M. Cuillandre a été, de 2001 à 2018, la plus haute autorité du Groupe de la majorité municipale de Brest[1], dans laquelle ont eu lieu les abus de confiance révélés par l'enquête de justice. L’enquête a aussi révélé que M. Cuillandre a été alerté de ces dérives à plusieurs reprises et qu’il n’a rien fait pour y mettre fin.

Ces révélations de l’enquête de justice soulèvent de sérieuses interrogations concernant la prétendue « présidence » d’Alain Masson, d'une association qui n'aura pas existé sur la période des abus de confiance observés.

J’acte aujourd’hui que la Justice a préféré refermer le dossier par une CRPC, plutôt que chercher des réponses, pour découvrir quelles étaient les vraies responsabilités ayant permis ces abus de confiance pendant 18 ans, au cœur de la gouvernance des deux collectivités territoriales brestoises.

En tant que citoyen attaché à plus d'éthique en politique, je trouve cela très contestable à de multiples égards, notamment envers l’effort de lutte contre les dérives de pouvoir dans nos institutions publiques, y compris à l’échelle locale.

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[1] Alain Masson n’était pas réellement le « Président de la majorité ». Le titre de « Président » fut un abus de langage. Au début de chacun de ses 3 derniers mandats, il fut nommé ainsi par M. Cuillandre à cette fonction, qui s’apparentait plus à un rôle de « Secrétaire général » auprès du maire/président. Après le début de l’affaire, M. Cuillandre garda pour lui, d’autorité, la fonction de direction de la majorité municipale. A ce titre, il fut et est encore le chef de la majorité municipale brestoise, où se sont déroulés les faits. C’est logiquement le maire qui « préside ».

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