L’onde de choc du 11 septembre 2001 aura mis 7 ans, quasiment jour pour jour, pour atteindre les profondeurs du système néocapitaliste. A entendre les analystes financiers, la chute de Lehman Brothers à mi-septembre est apparue aussi inimaginable et inattendue que celle des WTC, 7 ans plus tôt.
Cette crise financière prend racine dans les attaques du 11 septembre, quand l’administration Bush décide de baisser les taux pour montrer l’inoxydabilité de son système économique, face à une attaque exogène. La croyance voulant que le moral des ménages soit intimement lié à leur niveau de consommation, le maintien artificiel par l’emprunt d’un pouvoir d’achat à haut niveau aura donné le change à la face du monde … temporairement.
La suite est une succession de prises de risques et de fuites en avant des banques, des assureurs et des politiques néocapitalistes, à la façon de la fable des moutons de Panurge. Aucune réflexion de fond n’est venue remettre en cause le système. Le soleil brillait à la lueur des profits, ce n’était pas le moment de parler des risques que l’on faisait courir à la société tout entière. Chaque début d'année, les golden-boys accumulaient les primes et des bonus astronomiques qui faisaient rêver le monde en ces périodes de fêtes !
Sept ans plus tard, c’est la valse des milliards qui sonnent le glas de cette escalade folle des prises de risques, sur la base d’un système centré sur le mirage d’une croissance ininterrompue, des pays DEJA développés. Ces milliards qui viendront un peu plus encore endetter les générations qui naissent, sans régler un seul des problèmes actuels.
Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) avait estimé en 1998, dans son rapport mondial sur le développement humain, qu’il fallait 40 milliards de dollars pour s’attaquer dans le monde à la famine, l’accès à l’eau potable et le traitement des maladies que l’on sait aujourd’hui traiter à coût réduits. A l’époque, ce chiffre avait du sembler insurmontable aux citoyens que nous sommes, ou en tout cas, assez inaccessible pour justifier que nos grandes nations développés ne fassent rien.
Mais aujourd’hui, il n’a fallu que deux ou trois semaines aux puissances des nations développés pour lever plus de 1000 milliards, afin d’éviter le crash des structures qui étaient initialement sensées « sécuriser notre argent face aux méchants voleurs » (et aussi l’axe du mal !) Sans parler du fait que la notion de « banque » vole en éclat, c'est plus de 25 fois la somme demandée par le PNUD pour aider d'autres êtres humains qui vient d’être dilapidée, pour des fins que personne ne comprend réellement.
Je pense depuis longtemps que les tensions du monde viennent d’abord des inégalités et du système qui les maintient en place, voire les creuse. Aujourd’hui, je ne suis pas loin de penser que cette succession d’évènements, depuis le 11 septembre jusqu’à aujourd’hui, est le produit de notre aveuglement individualiste et de notre fainéantise intellectuelle collective, face à une minorité de puissants qui traiteront toujours d’abord leurs intérêts propres.
Si nous n’apportons pas des réponses rapidement, en terme de projet collectif d’un développement humain à l’échelle de notre planète, cet aveuglement et cet immobilisme vont servir ici et ailleurs un seul type de politique : les extrêmes.
Comme à chaque onde de choc, il y a plusieurs rebonds … méfions-nous des suivants.